28 mai 2012

Un dimanche

Un instantané, des polaroids d'un dimanche ordinaire semé de soleil et de vent.

Se lever de bonne heure, attraper l'appareil photo et tenter de capturer le monde dans une goutte d'eau. Trouver que la mise au point est délicate, réessayer encore. L'herbe est humide et lèche mes orteils. Chouchou prépare le thé, il dit "c'est prêt". 


Regarder dans le miroir le reflet de Crapaud-poilu qui m'aide à appliquer ma couleur de cheveux sur l'arrière de la tête : il fait la moue, fronce les sourcils, se concentre avec les gants transparents et le pinceau fuchsia. Sourire. Sourire de le voir sourire lorsque j'emballe ma tête dans du cellophane. Rincer la tête renversée dans la baignoire. Aimer le résultat.

Se mettre sur la terrasse pour éplucher des légumes : pommes de terre nouvelles avec une peau fine qui pèle un peu, carottes nouvelles toutes encombrées de leurs fanes gigantesques, oignons nouveaux qui te jettent au visage leurs tiges vertes insolentes, panais qui sent la noisette. Les couper en gros morceaux. Le plaisir sensuel des les mélanger avec les mains dans un grand saladier, pour les imprégner d'huile d'olive, de thym et de romarin. Sentir le soleil sur ses épaules et se dire que putain, je vais choper un coup de soleil. Mettre les légumes au four pendant au moins 45 minutes, les savourer au déjeuner, fondants, parfumés, délicats et se dire que le bonheur, c'est ça aussi.

Se glisser dans les draps frais, les volets en tuile pour un peu de pénombre. Se laisser éblouir par le rai de lumière qui filtre au travers et qui atterri pile sur mon oeil droit. Ecouter le zonzonnement d'une mouche, se demander si c'est une berceuse... Entendre la respiration régulière de Chouchou, il est détendu, il pète. Sombrer, se laisser glisser dans le sommeil. Ouvrir un oeil au bout de vingt-cinq minutes et aimer la sensation d'apaisement. Se faire un café. Avec cannelé, parce que c'est bon.

Se lancer dans une manucure de vingt ongles. Limer, poncer, repousser des cuticules envahissantes. Appliquer la base (la sous-couche pour les bricoleurs), une première couche de couleur (rouge métal pour les pieds, violet pop-art pour les mains). Une seconde. Souffler dessus en agitant les mains. Dire pendant deux heures "je peux pas, j'ai du vernis". Se dire que bientôt, je remettrai des sandales.

Manger des fraises avec de la chantilly maison. Se dire que les fraises ont un gout de buvard. Se resservir de la chantilly, toute seule. Finalement, seulement la chantilly, c'est bon aussi. Goûter la nougatine de Chouchou. Etre épatée par cette première parfaitement réussie. Etre fière de lui. Demander si on peut en avoir un autre morceau. Non, c'est pour demain.

Laver, avec des gants (vernis, t'as oublié ?), le demi-container de vaisselle laissé par Chouchou, ne pas contrarier l'artiste par des considérations matérielles. Lui, il crée, nous, on nettoie.

Un dimanche, ordinaire, tranquille, surtout sans la pression du lundi, puisqu'aujourd'hui, c'est un deuxième dimanche qui commence...

***

J'ai mis quelques photos sur l'onglet ad hoc ;-)

9 commentaires:

  1. Anonyme28/5/12

    gros fou-rire sur l'illustration
    et oui c'est sympa un 2eme dimanche !

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    1. Dans les fraises à la chantilly, devine ce que je préfère...

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  2. Je retiens cette recette de légumes au four ! hummmmmmmmm !
    Ca fait du bien des moments comme ça ! Bon deuxième dimanche !

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    1. Merci Nathaly, j'espère qu'il a été bon pour toi aussi ;-)

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  3. DOMINIQUE28/5/12

    La nougatine me rappellera toujours mon beau-père (pâtissier) qui, lors de notre première rencontre, a cassé un morceau de la nougatine qu'il venait de faire "tenez, petite". Ce furent ses premiers mots pour moi.
    Mon dimanche-lundi à moi fut sous le signe des melons de Cavaillon. Sucrés, parfumés, un délice. Le canard a dansé la gigue autour de la table pendant tout le repas. Si vous voulez séduire un canard, un morceau de melon et hop c'est dans la poche.
    Comme la nougatine pour les "petites".

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    1. Le melon fait partie des trois ou quatre choses que je ne peux pas avaler... aussi bizarre que cela puisse être
      à relire si tu veux dans un post d'août dernier : http://blondeparesseuse.blogspot.fr/2011/08/avance-maintenant-qu-tes-dans-lmilieu.html)

      Elle est jolie ton histoire de nougatine. Demain, la photo du billet, ce sera une spéciale dédicace pour toi, alors...

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    2. DOMINIQUE28/5/12

      Noon, c'est pas vrai ? Je vais cliquer sur ton site à partir de 7 heures du matin.
      Je suis obligée d'acheter des melons, à cause de l'intoxiqué à plumes. Et puis j'aime ça, faut bien dire.

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  4. Anonyme29/5/12

    Paresser, flâner, prendre le temps, se laisser aller et porter par ses envies ... Bientôt, bientôt pour moi, dans 2 mois je le ferai sans culpabiliser. Quand la première tranche des travaux de la maison seront terminés. Petite consolation ce soir ... notre premier apéro/diner au soleil couchant ... apprécier, se projeter, envie de rester là et partir quand même dans notre autre maison.
    Comme j'aime ton dimanche, comme il me tarde de vivre certains des miens ainsi en toute quiétude. Sauf que je remplacerai la manucure et la couleur, par une peinture de volets, un coup de tronçonneuse, un coup de taloche et que sais-je encore.
    Bonne semaine.
    The C's Touch

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    1. J'ai connu le temps des travaux aussi, il y a quelques années. Transformer une étable et une grange en maison, ça nécessite du boulot. Mais la joie d'en profiter aujourd'hui, c'est un délice !
      Bon courage ;-)

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